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Interview d’artiste : Erick Derac

Artiste de la collection "Inspire / Respire" de Pigments.fr, expositions clés en main dans vos bureaux


Les transparences impures d’Erick Derac nous enseignent que le monde ne possède pas de sol ferme, qu’il est fissuré et fragmentaire…

Interview réalisée en novembre 2020 



Comment naissent vos idées créatives, votre inspiration ?


Il n’y a pas de règles. Je me considère comme un récepteur. Et, chacun de mes cinq sens participe véritablement à cette acuité générale. Mes œuvres sont la naissance de cette sensibilité au monde, à mon environnement, à l’ensemble des éléments qui m’entourent. Une infime chose, parfois que je ne maîtrise pas, peut être le déclencheur du désir de retranscrire, en couleur, en forme et en lumière, ce que je ressens.


Les périodes de résidences, les invitations dans un espace ou un site inconnu, sont des moments où je puise de nouvelles sensations et j’aborde de nouveaux sujets. Des moments qui accélèrent la naissance de nouvelles série d’œuvres. Les commandes d’un collectionneur — qui souhaite réactiver une série avec ses propres affects, par exemple — sont également sources d’inspiration.


Ce fut notamment le cas avec Arts Affaires et des commandes de clients qui désiraient intégrer des lieux très précis aux œuvres commandées, représentatifs de souvenirs pour des particuliers ou représentants des valeurs pour des entreprises. J’aime beaucoup partir de cet espèce de bagage extérieur, d’un cahier des charges, pour faire naître une œuvre particulière. L’œuvre peut donc, aussi, naître du désir ou de la rencontre d’une nouvelle personne.



Comment avez-vous rencontré votre curateur, Matthieu Jacquillat ?


Je ne me souviens pas réellement de la façon dont nous nous sommes rencontrés. Mais si mes souvenirs sont exacts, Matthieu m’a contacté à la suite de sa rencontre avec une de mes œuvres au Salon Montrouge.


Depuis nous faisons chemin commun sans jamais ne s’être quitté de vue. Matthieu me propose régulièrement des projets aussi différents qu’exaltants. Je connais son attachement à mon travail et nous avons une réelle communauté de valeurs en commun. Une belle rencontre dans le monde des arts visuels !



Quels sont les trois artistes contemporain que vous nous recommandez de suivre en ce moment ?


J’ai un attachement pour le travail et les œuvres d’Hervé IC qui est basé à Bruxelles. C’est un excellent peintre de ma génération. Il n’est pas suffisamment montré et vu, à mon sens.


Mathieu Cherkit, que je ne connais pas personnellement, est également un peintre que j’affectionne. Son exploration du quotidien en peinture et la matière picturale qu’il travaille sont proprement bluffants.


Je pense aussi aux jumeaux Gert & Uwe Tobias dont le travail est très beau et troublant. Évidemment, cette sélection spontanée est très limitée et pourrait être étoffée de dizaines d’autres excellents artistes.



Gert & Uwe Tobias, Untitled, 2016, Colored woodcut on canvas 240 x 200 cm

Mathieu Cherkit, Yellow Sleep, 2017, huile sur toile, 162 x 97 cm

Hervé Ic, La tempete, 2010, Huile sur toile, 140 × 190 cm



Que pensez-vous de ce nouveau terrain d’exposition que sont les espaces de travail ?


Je travaille avec Arts Affaires et Matthieu Jacquillat depuis assez longtemps. Le principe d’entrer dans le monde de l’entreprise avec des œuvres m’est donc familier. C’est une démarche très positive. Faire pénétrer l’Art dans tous les domaines de la société est un beau challenge : en général, l’Art pose des questions, amène quelquefois des réponses.


Il permet aux personnes, au public de relativiser son regard, de l’aiguiser. Il y a très beau film d’ailleurs qu’il faut aller voir, c’est le film sur l’emballage du Pont Neuf dans l’exposition Christo au Centre Pompidou. Ce film montre vraiment que l’Art, là où on ne l’attend pas, est un magnifique vecteur de sociabilité, d’échanges, de discussion… Dans les espaces de travail – dans l’entreprise – je pense que l’Art peut pacifier les relations, ouvrir les regards.



Je reconnais les mots de Matthieu…


C’est vrai ? Voilà quand je disais qu’on l’on avait cette communauté d’expression, de sensibilité en commun… Cela se retrouve peut être là aussi.


Certains artistes sont réticents à l’idée d’aller professionnellement dans des endroits autres que les galeries, les espaces d’art ou les lieux véritablement d’expositions… Moi je n’ai jamais eu ce souci là. Au contraire même, je pense que plus un travail est en contact avec un maximum de regards, mieux c’est. Le monde de l’entreprise fait partie de ces terrains où l’on peut justement, oui, montrer des choses et ensuite permettre aux gens d’aborder le monde du travail un peu différemment. Même si ce n’est qu’une goutte d’eau, de temps en temps. Cette goutte d’eau peut créer, petit à petit, des ruisseaux, des rivières et pourquoi pas, des fleuves ! Enfin, c’est ce que l’on espère…



A quoi ressemble une journée type dans votre atelier ? Avez-vous un rituel particulier ?


Non, je n’ai pas réellement de rituel. J’aimerais bien passer plus de temps à l’atelier mais le quotidien d’un artiste est aussi rythmé par des milliers d’autres activités administratives, de la communication, des appels à projets, et mon travail inclus également les prises de vues en extérieur, le contrôle des tirages pour la post-production, etc…


Conséquemment, il n’y a pas réellement de journée type. L’atelier est « la récompense » des autres activités ! Quand je m’y rends : je m’installe à ma table de travail, j’allume la table lumineuse et je commence à sélectionner des fragments des photographies, des fragments de gélatines colorées (qui sont vraiment les éléments prépondérants de mon travail). Je me focalise sur un tout petit morceau de réalité : il faut savoir que l’origine de mon travail, « l’ektachrome » — qui deviendra « la matrice » de l’œuvre à venir — est un minuscule espace de 6 cm sur 7. Je me projette dans cet espace miniature.


Et, je me transforme : je fais abstraction de mon corps, j’essaie de plonger mentalement dans cet espace pour en tirer des tensions, des équilibres ou déséquilibre, créer quelque chose comme un autre univers. Ce « quelque chose », donne quelques fois une œuvre qui est faite de fragments, de photos, de poussières, de greffes de toutes sortes, d’adhésifs… Tous les éléments qui entrent en jeu à l’intérieur du périmètre de la matrice.



Nous aimerions en savoir plus sur les œuvres présentées par Matthieu Jacquillat, qu’est-ce qui a inspiré votre série “Partage d’Espaces” ?


Cette série, encore en cours, est née il y a assez longtemps. Mes souvenirs concernant sa gestation sont assez flous. Je me souviens que je l’ai vraiment développée, dans le Sud de la France, lors d’une résidence. J’avais emporté mes matériaux et des ektachromes — les films transparents sur lesquels s’impriment les photographies que je réalise dans les espaces urbains ou plus naturels. Tout mon matériel m’accompagnait. J’avais déjà commencé à initier cette série à Paris.


Elle est constituée d’éléments verticaux récurrents, qui se suivent, et marquent le bas de l’image. Visuellement, cela ressemble à des palissades de chantier — référence manifeste à ma série précédente “Chantiers” dont le principe était de présenter l’œuvre comme un chantier inachevé. Avec « Partage d’Espaces », on est davantage en dehors du chantier, juste devant. On imagine une palissade, et cette palissade est le support à la poésie des matériaux, des différents éléments de ville. On retrouve souvent sur les palissades des écritures, des tags, des affichages etc. C’est comme un palimpseste.


Une autre lecture qui émane de ces « Partage d’Espaces » est celle des rayonnages de bibliothèque : les dos des livres, les uns à côté des autres et leurs différentes dimensions, créent ce même rythme. Les ouvrages forment une partition de couleurs et une invitation à autant d’histoires et de voyages intérieurs. On retrouve ce lien avec une certaine poésie de l’espace et également avec la promesse d’évasion de ce que cachent ces tranches de livres.


Le nom “Partage d’Espaces” n’est pas anodin. Plus prosaïquement, il renvoie à des questionnements sur la surpopulation et la façon dont on habite la terre.


Mes « Partage d’Espaces » semblent être des espaces urbains à la lisière de ce qui peut être aménagé. Ils paraissent encore en chantier et, chacun, avec ses propres particularités peut, encore, y trouver sa place. Chaque petite bande peut représenter une identité particulière. Chaque élément est différent de son voisin et l’ensemble se côtoie pacifiquement. Derrière ces œuvres, joyeusement colorées, une multitude de sens affleurent…






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